Ramón Esono Ebalé

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Ramón Esono
Naissance
Pseudonyme
Jamón y QuesoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Centre culturel d'Espagne à Malabo (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Courage in Editorial Cartooning Award ()
Premi Veu Lliure (d) ()
Prix Couilles au cul ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Sites web

Ramón Nse Esono Ebalé, né le à Mikomeseng en Guinée équatoriale, est un illustrateur et dessinateur de bande dessinée. Il est également connu sous le nom de plume Jamón y Queso.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ramon Esono Ébalé est né le à Mikomeseng, en Guinée Équatoriale.

D’abord autodidacte, Ramon Esono Ébalé reçoit sa formation d’art au Centre Culturel d’Espagne à Malabo. Il a gagné plusieurs récompenses comme le prix Regard 9 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême ou celui de la revue Africa e Mediterraneo basée à Bologne[1]. Sur internet, l’illustrateur a lancé le webzine Las Locuras de Jamón y Queso (Les folies de Jamón y Queso) et l’émission de radio Locos TV. Il a également participé à la création du documentaire d’animation Un día vi 10.000 elefantes. Il a vécu une bonne partie de sa vie active exilé au Paraguay et dans le Salvador[2],[3].

En 2014, il illustre et scénarise Le Cauchemar d’Obi, un roman graphique financé par l’ONG EGJustice. Cette bande dessinée s’inspire et critique le personnage de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dictateur de Guinée Équatoriale depuis 1979. Ramón Esono Ébalé se fait arrêter en à Malabo pour avoir illustré cette bande dessinée et est envoyé à la prison de Black Beach[4],[5].

En novembre de cette même année, il devient le lauréat, sans recevoir le prix de lui-même, du Prix Robert Russell du courage dans le dessin de presse, décerné par Cartoonists Rights Network International, ou CRNI.

Lutte pour la liberté d'expression[modifier | modifier le code]

De 1982 à 2010, il réside à la capitale de Malabo où il fait ses débuts en tant qu’artiste.

Autodidacte, il est même dit que Ramón est en train « d’étendre les possibilités de la bande dessinée en Guinée Équatoriale et qu’il a créé sa propre école[6]. » Il développe donc sa propre signature, qu’il exprime dans ses webcomics, ses expositions internationales, et ses publications. Le thème prédominant est d’ailleurs un mélange de la réalité judiciaire et sociale vécue par son pays d’origine. Il « exagère et joue avec des éléments qui évoquent non seulement la politique africaine, mais aussi les tabous africains en rapport avec l’homosexualité et le travestissement[7]. »

Selon José Naranjo[8], Ramón Esono Ébalé est probablement l’illustrateur équato-guinéen le « plus brillant de sa génération. Cru, effronté, hilarant, ne mâchant pas ses mots - ou ses coups de crayons - direct, et parfois même offensant. »

Cette critique lui a permis d’être exposé et de bénéficier d’une étude faite de son travail dans l’exposition SubRosa: The Language of Resistance tenue en 2013 par l’Université de Floride du Sud[9].

Incarcération[modifier | modifier le code]

Contexte de l'arrestation[modifier | modifier le code]

En dépit de son affection vers aucun parti politique, le ton engagé et effronté[10] qu’emploie l’illustrateur lui a valu d’être victime de censures. Afin de lutter contre cette censure, il publie des bulles de texte vides. Il donne à ces planches un titre mentionnant que son intelligence a été assassinée et invente également d’autres titres polémiques pour d’autres illustrations qui leur ajoute une force politique[11]. Cette action lui permet donc de lutter contre la censure de façon subtile: il ne dit rien mais parvient à se faire comprendre.

Avec ou sans phylactère, ses illustrations restent néanmoins éloquentes.

Ses blogs étant bloqués de manière répétée, Ramón Esono Ébalé demeure presque dix ans hors du sol équato-guinéen. Il est néanmoins contraint d'y retourner en 2017 afin de renouveler son passeport[12].

Arrestation[modifier | modifier le code]

C’est dès son retour qu’il se fait arrêter à la sortie d'un restaurant, accompagné de deux amis. Il est cependant le seul à se faire plus tard incarcérer à la prison de Black Beach[12]. Cette arrestation arbitraire provoque une campagne de solidarité à un niveau international[13].

Le procès de Ramón Esono Ébalé, accusé à tort de contrebande et de blanchissement d’argent, commence le [14]. En amont du début de ce procès, en Espagne, le Parti Populaire, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, Unidos Podemos, Ciudadanos ainsi que le Parti Nationaliste Basque ont réclamé au Gouvernement Espagnol de surveiller le procès de l’artiste[15],[16].

Sept ONG, dont Human Rights Watch, ont condamné le procès et exigé l’acquittement de l’illustrateur[13].

Durant la première session du procès, toutes les charges contre Ramón Esono Ébalé furent levées, l’accusation manquant de preuve pour l’inculper[17]. Le témoin à charge, le caporal de la Police Nationale n’a pas pu soutenir ses accusations devant le tribunal et a reconnu avoir suivi les ordres reçus lors de l’accusation de l’artiste[18],[17].

Cependant, les autorités du pays ont tenu au maintien de Ramón Esono Ébalé en prison jusqu’à la fin de son jugement, fait dénoncé par l’ONG EGJustice[19].

Libération[modifier | modifier le code]

Finalement, le est prononcée la sentence absolutoire et l’artiste est libéré le jour suivant[20]. L’artiste déclare alors quitter la prison partagé entre joie et rage[21].

Un mois plus tard, étant élu à domicile, il dénonce le fait de ne pouvoir obtenir de passeport lui permettant de quitter le pays et rejoindre sa famille en déclarant que la prison s’était seulement élargie[22]. Cette situation est dénoncée par des organisations comme Human Rights Watch et Reporters sans frontières, qui accusent le gouvernement équato-guinéen de bloquer la sortie du territoire de Ramón Esono Ébalé[23]. L’artiste obtient finalement son passeport pour quitter la Guinée Équatoriale et quitte le pays le [24].

En juin, l’ONG EGJustice publie une carte de remerciements que l’artiste leur a envoyé[25].

Après sa libération, Ramón Esono Ébalé a manifesté son intention de publier une bande dessinée basée sur son expérience en tant que prisonnier[26]. Après une courte escale en Espagne, il s’établit de nouveau dans le Salvador.

Engagement pour la liberté d'expression[modifier | modifier le code]

L’artiste expose ses dessins sur la prison de Black Beach durant la monographie Viajes dibujados (Voyages illustrés), publiée en Espagne[27].

Il a également présenté « Saberse un loco » (Se savoir fou) pendant l’exposition Africa Imprescindible à Pampelune, en Espagne[28].

En , Ramón Esono Ébalé reçoit le prix Veu Lliure de l’organisation PEN Català, département catalan de PEN Club International[29]. Il s’agit d’une récompense décernée aux auteurs menacés pour cause de leur défense de la liberté d’expression. Un mois plus tard, il réalise une exposition dans la Provença–Diagonal station, une station de transports en commun à Barcelone[30].

Dans le même esprit que cette récompense, il reçoit en le prix Couilles au cul[31]. Ce prix décerné au Festival Off de la Bande Dessinée d’Angoulême récompense la bravoure et l’audace des artistes dans la publication de leur art en dépit des risques engendrés[32].

Œuvres récentes[modifier | modifier le code]

  • La Pesadilla de Obi, EGJustice, 2015 (Le Cauchemar d'Obi, 2018)
  • Un dia vi 10.000 elefantes, 2015.
  • Convergencias y divergencias: jefe, dele una oportunidad a su cerebro, Université d'Alicante, 2010.
  • Democraturas (recueil de dessins de Ramon Esono Ebalé exposés au Centre Culturel d'Espagne à San Salvador en ).
  • Un Opositor en la finca, Centre Culturel de Malabo/Centre Culturel de Bata en Espagne, 2010.
  • Anomalias electricas, 2010.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Ramón Esono Ebalé - Ficha de autor en Tebeosfera », sur www.tebeosfera.com (consulté le )
  2. (es) José Naranjo, « El dibujante Ramón Esono, detenido en Guinea Ecuatorial », EL PAÍS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (es) « RESISTENCIA: RAMÓN ESONO EBALE - Diario Rombe », Diario Rombe,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (es) José Naranjo, « Guinea Ecuatorial encarcela a un artista crítico con Obiang por falsificación y blanqueo de dinero », EL PAÍS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (es) Agustín Millán, « Detenido Ramón Esono Ebalé dibujante critico con la dictadura de Obiang en Guinea - Diario16 », Diario16,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. (es) Mbare NGom, Palabra abierta: conversaciones con escritores africanos de expresión en español, Verbum, , 342 p. (ISBN 8479628286)
  7. (es) Anita Brus, « Explosiones africanas: Sobre el arte de Ramón Esono Ebalé », Revistart: revista de las artes,‎ (ISSN 1134-7988, lire en ligne)
  8. (es) José Naranjo, « Teodoro Obiang, muy al desnudo », El País,‎ (lire en ligne)
  9. http://www.usfcam.usf.edu/InsideART/Inside_Art_SubRosa/InsideART_2013files.html « Operating often in a sub rosa mode—covert, coded, dissimulated—they find languages for resistance in accomplished and intriguing works that span a range of media and registers, reaching diverse audiences in their own countries and across the world. Artists include Ai Weiwei (China), Ramón Esono Ebalé (Equatorial Guinea), Barbad Golshiri (Iran), Khaled Jarrar (Palestine), Zanele Muholi (South Africa), and José Toirac and Meira Marrero (Cuba). »
  10. (es) Dorothy Odartey-Wellington, « Ciudades soñadas y ciudades en las que es imposible soñar: la narrativa de Guinea Ecuatorial », Quaderni di letterature iberiche e iberoamericane,‎ (ISSN 2240-5437)
  11. Jokers africanos: Sobre el arte de Yinka Shonibare y Ramón Esono Ebale de A. Brus. Universidad de Leiden, 2014
  12. a et b « Guinée Equatoriale : Arrestation et la détention arbitraires de M. Nsé Ramón Esono Ebalé (aka Jamón y Queso) », sur www.fidh.org, fidh mouvement mondial des droits humains, (consulté le )
  13. a et b « Lettre ouverte au président équato-guinéen pour demander la libération du caricaturiste Ramón Esono Ebalé », Reporters sans frontière,‎ (lire en ligne)
  14. (es) José Naranjo, « Dibujos prohibidos desde la cárcel para retratar la opresión en Guinea Ecuatorial », El País,‎ (lire en ligne)
  15. « VOA Afrique », sur voafrique.com, Voa Afrique, (consulté le )
  16. (es) « EcoDiario.es », sur EcoDiario, ElEconomista, (consulté le )
  17. a et b « Cartooning for Peace », sur Cartooninforpeace.org, Cartooning for peace, (consulté le )
  18. « Amnesty International », sur Amnesty.org, Amnesty International, (consulté le )
  19. (en) « EG Justice - Free Nse Ramon », sur EGJustice.org, Eg Justice (consulté le )
  20. « Guinée équatoriale : le caricaturiste Ramón Nse Ebalé libéré après cinq mois de détention », sur Jeuneafrique.com, Jeune Afrique, (consulté le )
  21. (es) « Activista ecuatoguineano Ramón Esono sale de cárcel "entre felicidad y rabia" », sur ElConfidencial.com, El confidencial, (consulté le )
  22. (es) « El dibujante Ramón Esono Ebalé todavía en Guinea Ecuatorial: “La cárcel se ha vuelto un poco más grande” », sur Asodeguesegundaetapa.org, Asodegue 2a etapa, (consulté le )
  23. (es) « Asociaciones denuncian que R. Esono aún no puede salir de Guinea Ecuatorial », sur Lavanguardia.com, La Vanguardia, (consulté le )
  24. « Guinée équatoriale: Un dessinateur et militant autorisé à quitter le pays », sur Amnesty.org, Amnesty International, (consulté le )
  25. (es) « Carta de agradecimiento de Nsé Ramón », sur Asodeguesegundaetapa.org, Asodegue 2a etapa, (consulté le )
  26. (es) « Dibujos desde la celda contra el dictador », sur Lavanguardia.com, La Vanguardia, (consulté le )
  27. (es) « Cómic: Ramón Esono dibuja para contar la verdad y la cárcel », sur Elpais.com, El País, (consulté le )
  28. (es) « ‘Saberse un loco’, la mirada crítica del guineano Ramón Esono. Diario de Navarra », sur Asodeguesegundaetapa.org, Asodegue 2a etapa, (consulté le )
  29. (es) « El dibujante Ramon Esono Ghana el premio Veu Lliure del PEN Català », sur Elnacional.cat, El Nacional, (consulté le )
  30. (es) Blanca CIA, « De la cárcel de Malabo a las pare des del metro barcelonés », El País,‎ (lire en ligne)
  31. Maxim Simonienko, « L’activiste guinéen Ramon Esono Ebalé reçoit le prix Couilles au Cul », ActuaLitté,‎ (lire en ligne)
  32. Arnaud Gonzague, « Angoulême : le Prix Couilles au Cul fait grincer des dents », BibliObs,‎ (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]